26 janvier 2008

It is a white, white cube


Au mois de janvier, le blanc est aussi dans les galeries...


>> Dame blanche: Don Brown, Galerie Almine Rech jusqu'au 9 février.

Depuis 10 ans, l'artiste britannique représente invariablement son épouse, Yoko, après s'être lui-même pris comme modèle de ses sculptures.

Perchées sur des sellettes blanches, les statues immaculées toisent le visiteur en dépit de leur très petit gabarit. Dévêtue ou voilée, chaussée de talons hauts, mèche dans les yeux, bras croisés ou le long du corps, Yoko prend la pose. Immortalisé en 3d, l'être aimé se fige dans un éternel absolu.



>> Bruit blanc: Pascal Broccolichi, Dispersion, Galerie Frédéric Giroux jusqu'au 23 février.

Deux ensembles de trois gros tubes blancs semblables à des néons ou des tuyaux de canalisation diffusent une bande son presque imperceptible, empreinte sonore de déserts donnés à voir à travers une série de photographies grand format.
Autant de non-lieux habités par le vide et le silence dont Pascal Broccolichi a capté le phénomène, mais aussi la matière sonore qui échappe à la perception humaine, trop humaine.



>> Trou blanc: Mathieu K. Abonnenc, Le Monde connu, Galerie Ghislaine Hussenot jusqu'au 19 février.













Les dessins muraux ou sur papier de Mathieu Abonnenc, peuplés d'entrelacs de motifs et de formes parfois difficilement identifiables, ont tous un point commun: une pièce manquante, figurée par une tâche blanche, ou plutôt, un trou, un vide, blanc sur le mur (ou le papier) blanc. Une tautologie chromatique qui dé-montre l'invisible/indicible et fait resurgir l'oubli, l'omission, le déni, creusés dans les zones sombres de l'Histoire.

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Liens :
http://www.galeriealminerech.com
http://documentsdartistes.org/artistes/broccolichi/page1.html
http://www.galeriehussenot.com

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Photos :
1)
Yoko, Don Brown. Courtesy Galerie Almine Rech.
2)
Dispersion, (installation, détail). Courtesy Galerie Frédéric Giroux.
3)
Le Monde connu (légende à compléter).
Courtesy Galerie Ghislaine Hussenot.

19 janvier 2008

Apparition


Ce soir là, jeudi 17 janvier 2008, Jeanne Moreau était invitée sur le plateau du "Grand Journal" de Canal+ pour fêter ses 60 ans de carrière, entourée de trois jeunes espoirs du cinéma français qu'elle avait invités spécialement pour l'occasion.

Rien de surprenant dans tout cela. Non, la vraie surprise, ce fut l'apparition de Sophie Calle à l'écran, conviée à s'exprimer — pas sur le plateau, n'exagérons rien, mais par vidéo interposée — sur cette grande actrice, qui est accessoirement l'une des 107 femmes auxquelles l'artiste a demandé de relire, de rejouer, une lettre de rupture personnelle utilisée comme matrice de son projet Prenez soin de vous, présenté cette année au Pavillon français de la Biennale de Venise.

Sophie Calle est certainement l'une des artistes contemporaines les plus connues — et reconnues — du "grand public" à ce jour, aux côtés des Daniel Buren, Christian Boltanski, Annette Messager, etc. Sa participation à la Biennale d'art contemporain de Venise lui valut, entre autres honneurs publics, de faire la une de Télérama et de Elle, c'est dire...

Bref, ce ne devrait pas paraître si étonnant de voir Sophie Calle à la télévision. Je n'étais pas aussi stupéfaite en la croisant l'an dernier à l'exposition de Philippe Mayaux à l'Espace 315 du Centre Pompidou, qui lui avait d'ailleurs consacré une rétrospective quelques années plus tôt.

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Elle avait une mini jupe

Et de grandes lunettes un peu rétro

Je l'ai vue, je l'ai reconnue

Puis on s'est perdues de vue

On s'est retrouvées (à la télé)

Puis on s'est séparées
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Sophie, à présent que je t'ai VUE À LA TÉLÉ, feras-tu d'autres apparitions ?

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Chacun pour soi est reparti

Dans l'tourbillon de la vie

Je l'ai revue un soir ah la la

Elle est retombée dans mes bras...

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No TV last night.
M'as-tu vue?


Photo: couverture du livre Prenez soin de vous, Actes Sud, juin 2007.

5 janvier 2008

Le goût de l'illusion


Ceci n'est pas un bonbon. C'est plus qu'un bonbon, le goût en moins...
Celador, qui revêt l'apparence d'une jolie confiserie acidulée, fait office de teaser de la prochaine exposition-événement de l'artiste français Loris Gréaud au Palais de Tokyo, intitulée Cellar Door.

Produit classifié, packagé, commercialisé, nom déposé, Celador réunit toutes les caractéristiques du bien de consommation mais fonctionne comme de l'art.

L'absence de goût, à la fois surprenante et désagréable, fait de ce bonbon un bonbon conceptuel. A vous, valeureux goûteur, de "finir l'œuvre" en projetant la saveur de ce bonbon qui n'en a pas...


Loris Gréaud s'est emparé des codes du mass-marketing afin d'infiltrer le réel et d'étendre le champ d'action (et de réception) de son œuvre. Il explose ainsi le cadre conventionnel de l'art qu'il injecte jusque dans la vie quotidienne du consommateur.


Poussant jusqu'au bout la logique marketing, Gréaud a fait tourner un spot publicitaire (voir lien) révélant l'existence de ce mystérieux bonbon qui annonce l'exposition en même temps qu'il émane d'elle. Vendu dans les réseaux de distribution usuels, Celador, qui préexiste à Cellar Door,
va aussi lui survivre et, telle une madeleine de Proust post-moderne, lui permettre ainsi de continuer à exister de façon virtuelle, mentale...

Cellar Door
, 14 février-4 mai 2008
Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, Paris.

http://www.palaisdetokyo.com

http://a-taste-of-illusion.com/index.html

2 janvier 2008

Bonne année 2008






















Photo : Gerhard Richter, Lachmann (insc on stretcher), 1967.