20 février 2008

Détournement de logos

Sobrement encadrés, 49 dessins de Renaud-Auguste Dormeuil recouvrent un mur entier de la galerie In Situ qui présente une exposition personnelle de l'artiste jusqu'au 15 mars prochain.














Ils sont issus d'une série de 206 dessins brûlés sur papier (Global Fleet, 2008) représentant tous le logo d'une compagnie aérienne, symbole à forte résonance politique et patriotique, voire nationaliste.

Partis en fumée, les logos dé-colorés, calcinés, laissent planer une menace sourde sur le monde.

Les événements survenus le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis n'ont-ils pas fait la triste et ultime démonstration qu'un avion civil pouvait se transformer en une arme de destruction massive et accéder ainsi à un usage militaire, ou terroriste ?

La guerre — déguisée, invisible —, dont les stratégies ont muté, nous attend peut-être au tournant...

**Infos**
Bird's Eye View, Renaud-Auguste Dormeuil, 31.01-15.03
Galerie In Situ-Fabienne Leclerc, 6 rue du Pont de Lodi. 75006 Paris.
www.insituparis.fr

**Photo**
Global Fleet—
KLM, 2006. Courtesy Galerie In Situ.

10 février 2008

Ça fait toujours plaisir...


Le troisième numéro de la revue
J'aime beaucoup ce que vous faites a finalement vu le jour. Depuis l'automne 2005, la "revue littéraire et artistique" imaginée par Christian Alandete et Agnès Violeau met artistes et/ou écrivains à contribution. Exclusivement en noir et blanc, images et textes se suivent, se mêlent. Les mots fabriquent des images. Les images contiennent parfois des mots, et racontent toujours quelque chose. Des histoires…

Au menu de ce troisième numéro – dont le dessin de couverture est à nouveau signé Laetitia Bénat: lumineuses bibliothèques de Joseph Kosuth, poèmes en trois dimensions de François Morellet, journal de mort de Michel Houellebecq, spiritualités délavées de Rachel Labastie, bibliographie maraboutée d'Aurélien Froment, asymétries textuelles de Patrice Hamel, auto-nécrologie d'Unglee.

Et aussi: Sophie Calle, Thomas Hirschhorn, Ariel Kenig et Benjamin Lafore, Laure Limongi, Claire-Lise Panchaud, Marie Redonnet.

** NB **
Texte rédigé exceptionnellement avec la police Courrier, utilisée dans le revue JBCQVF...

** Infos **
Cycle FICTION / Lectures performées // Fondation d'entreprise Ricard, 19h.
> 18 février :
Pierre Bismuth (création) // Danielle Mémoire / Steve Argüelles (création)
> 14 avril :
Marcelline Delbecq (création) // Nathalie Quintane (création)
> 16 Juin
: Sandy Amério + Patrick Bouvet (création) // Fanny de Chaillé

Commissariat : Christian Alandete / Agnès Violeau

** Liens **
http://www.revuejbcqvf.com
http://www.fondation-entreprise-ricard.com

3 février 2008

Danse avec la guerre


L'artiste libanaise Mona Hatoum (*1952) expose actuellement un ensemble d'œuvres récentes à la galerie Chantal Crousel.
D'une manière poétique et sensible, l'artiste donne à voir le monde, son état, ses blessures. Ses blessures de guerre même.












Des symboles du monde arabe (keffieh, tapis persan, lanterne en cuivre, ...) viennent rappeler les origines de l'artiste exilée à Londres, marquée par les conflits qui mirent le Liban à feu et à sang pendant longtemps et qui aujourd'hui planent de nouveau au dessus du pays.


L'installation Misbah, mot arabe désignant la lanterne traditionnelle en cuivre percé de motifs souvent étoilés, se révèle particulièrement troublante.













En pénétrant dans la pièce où elle se niche, on est bientôt saisi d'un vertige: telle une boule à facettes, la lanterne suspendue au plafond, en rotation, projette sur les murs des figures qui encerclent le visiteur et l'entraînent dans une ronde étourdissante.

Mais soldats et explosions ont remplacé les étoiles.
Le monde arabe est lancé dans une danse macabre avec la guerre que rien ne semble pouvoir arrêter...


Photos :
1) Projection*, 2006. Coton et abaca. Courtesy Galerie Chantal Crousel.
2) Misbah,
2006-2007. Courtesy Galerie Chantal Crousel.

* Cette
mapppemonde, que l'on retrouve dans l'œuvre Bukhara (Rouge et blanc) réalisée sur un tapis persan, évoque la forme du monde d'après la "Projection de Peters", projection cartographique d'Arno Peters (1974) qui, contrairement à celle de Mercator, prend en compte les proportions réelles des pays et des continents les uns par rapport aux autres pour les représenter.

Lien:
http://www.crousel.com/artists/hatoum_mona/index.html